Chère pauvreté

Chère pauvreté,

Que ne dit-on en ton nom ! Le premier paradoxe étant que ceux qui parlent le plus de toi sont ceux qui ne te connaitront probablement jamais ! Entendre parler de l’exclusion entre la poire et le fromage est certes mieux que de n’en parler jamais, mais la banalisation du phénomène de pauvreté est aussi dangereuse que son développement ; elles vont d’ailleurs de paire ! Chère pauvreté, parmi les plus naïfs, certains viendront expliquer que tu es un don de Dieu, d’autres que souvent tu sanctionnes l’échec, personnel ou professionnel. Il y a aussi ceux pour qui tu es un mal nécessaire, pendant que chez Emmaüs on te qualifie de mal absolu ! Il y a ceux, et j’en suis pour qui tu n’es que le reflet d’une société que nous avons construit, et même si cela fait mal au cœur de le dire, que nous construisons encore aujourd’hui pour nos enfants. Car ne nous y trompons pas chère pauvreté, nous sommes tous, moi en tête, d’un grand égoïsme, et s’occuper des « pauvres » c’est tellement plus aisé de le confier à d’autres. Les restos du cœur, l’abbé Pierre, les petites sœurs des pauvres, ATD quart monde, l’AICF … autant de structures, indispensables par ailleurs, à qui l’on sous-traite tous, notre honte collective et les Euros qui vont avec ! On peut même aller jusqu’à s’engager civiquement ou politiquement dans un parti une association ou un syndicat pour lutter contre toi ! Mais dans le fond, chère pauvreté, on voit probablement mieux les pauvres du Bangladesh ou du Soudan que ceux du coin de notre rue ! Te combattre est une impérieuse nécessité …. mais plus on le dit et plus tu progresses ! Sans remettre en cause des pans entiers tant de modes de vie que de nos Economies, on risque de parler encore longtemps de toi ! Le combat ne commence t-il pas par se remettre en cause soi même et pas qu’un peu !

Ton si peu dévoué bloc

Le 23 octobre2006