9 janvier 2006

Chère poste,

Te voilà dans de beaux draps depuis que tu es devenue le 1^er janvier une banque presque comme les autres ! Imagine un instant que tes nouvelles collègues décident de te jouer le même tour et deviennent des banques postales ! Tu en tirerais une tête ! D’autant qu’il est probable qu’on aurait plus vite fait d’aller chercher un recommandé au guichet de CIC plutôt que chez toi où il faut quelques bons moments avant que de pouvoir ouvrir sa lettre ou son colis ! Te voilà donc dans de beaux draps car que tu le veuilles ou non, cette nouvelle fonction va marquer un cran de plus dans la probable privatisation de tes services, du moins ceux à caractère financiers. Il va te falloir rentrer dans ce monde impitoyable de la concurrence exacerbée et surtout il va falloir te mesurer à des adversaires qui ne te feront aucun cadeau, et cela d’autant plus que tu vas très vite les gêner ! Tu aurais bien mieux fait de garder ta compétence postale plutôt que d’aller te fourvoyer dans le monde des requins de la finance où il est probable que tu ne fasses pas bien le poids longtemps, sauf à ce que toi aussi tu te « requanises » ! Il est loin le temps où chaque petit village pouvait fièrement montrer son beau bureau de poste et où le facteur, ton fidèle serviteur, était considéré comme un citoyen central pour la communauté ! Il s’éloigne aussi le temps où le livret postal servait à abriter les économies de bien des enfants et au-delà des gens modestes. Il va te falloir dorénavant faire payer tes services, tes chéquiers, relancer en permanence les comptes débiteurs, chercher les bons clients, c'est-à-dire ceux qui ont beaucoup d’argent et fuir ceux qui ont pourtant fait ta réputation, les petits épargnants. Espérant te garder longtemps comme postière attitrée je te souhaite de ne pas oublier qui tu es !

Ton dévoué

Bloc, le 9 janvier 2006